Tournage de « Annette » avec la VENICE
Veuillez noter que dans cette vidéo, le système d’extension CBK-3610XS VENICE de Sony est désigné par le surnom non officiel « Rialto ». Nous présentons nos excuses s’il y a une éventuelle confusion.
Interview exclusive avec la directrice de la photographie Caroline Champetier, AFC, et la 1re assistante-caméra Inès Tabarin
Annette est une comédie musicale visionnaire et unique diffusée pour la première fois au Festival de Cannes 2021, qui a remporté le prix du meilleur réalisateur (Leos Carax).
Le film met en vedette Adam Driver dans le rôle d’un comédien de stand-up tombant amoureux d’une chanteuse d’opéra interprétée par Marion Cotillard. Sur scène, le protagoniste est sauvage et agressif, tandis qu’elle incarne l’élégance et la grâce. Alors que la renommée de la chanteuse grimpe en flèche, la sienne décline. L’histoire originale, le scénario et la musique sont l’œuvre des frères Ron et Russell Mael, plus connus pour leur duo de musique pop-rock, Sparks.
Pour offrir des images aussi uniques que la bande originale, Leos Carax s’est une fois de plus tourné vers Caroline Champetier, célèbre directrice de la photographie AFC qui a remporté un César pour Des hommes et des dieux, et a été nominée pour Les Innocentes (tous deux tournés avec la F65 de Sony). Elle avait déjà travaillé avec Leos Carax sur la prodigieuse réalisation Holy Motors en 2012.
Les couleurs sont vraiment adaptées aux personnages, à l'histoire et aux lieux. Et nous ne nous sommes pas contentés d'associer une couleur à un thème spécifique : nous avons joué avec de nombreux degrés et nuances pour chaque couleur. C'est également la raison pour laquelle j'ai choisi la VENICE de Sony.
Lutter pour la couleur
« Après avoir lu le script, je me suis dit “Oh là là” », se souvient Caroline Champetier. « Le film va être tourné dans cinq salles de spectacle, toujours de nuit, donc il y aura beaucoup de nuances de noir. C’était notre défi. »
« La couleur est vraiment adaptée aux personnages, à l’histoire et aux lieux. Et nous ne nous sommes pas contentés d’associer une couleur à un thème spécifique : nous avons joué avec de nombreux degrés et nuances pour chaque couleur. C’est également la raison pour laquelle j’ai choisi la VENICE de Sony. »
« Pour garder les mêmes tons de noir tout au long des deux heures et demie de film, il faut lutter. »
Inès Tabarin, 1re assistante-caméra et collègue de longue date de Caroline Champetier, a été très impliquée dans les tests de caméras.
« L’essentiel était de voir comment la VENICE de Sony réagissait à l’obscurité. Nous avons effectué beaucoup de tests en intérieur et en extérieur, en particulier avec le double ISO, mais aussi de nombreux tests avec des lampes cadres comme celles d’Astera, pour définir comment exposer la couleur dans l’obscurité et dans les espaces plus lumineux. Nous avons constaté que la base 2 500 ISO était vraiment la meilleure pour une ambiance sombre. Et en extérieur (à la lumière du jour), la base 500 ISO était la plus adaptée. »
Caroline Champetier souligne que l’équipe « vérifiait constamment comment la peau et les tons de noir étaient exposés, et de nouveau lorsque nous changions de prise de vue. C’est ainsi que nous avons maintenu une continuité pendant tout le film. Toute l’équipe était consciente de l’exposition. Ce qui était vraiment difficile mais passionnant était de conserver, au cours des quatre mois de tournage, des nuances de noir de même niveau, surtout lorsque nous tournions dans des endroits totalement différents. »
L'essentiel était de voir comment la VENICE de Sony réagissait à l'obscurité. Nous avons effectué beaucoup de tests, en particulier avec le double ISO… pour définir comment exposer la couleur dans l'obscurité et dans les espaces plus lumineux.
Séquence par séquence
« Je ne conçois pas un film dans son intégralité. Je le conçois vraiment séquence par séquence. Et chaque séquence impliquait de déplacer un outil spécifique. »
« Il aurait été plus facile d’avoir un opérateur de Steadicam en permanence, mais nous aurions fait preuve de paresse. Leos… aurait aimé en avoir un tout le temps. Mais pour moi, il était plus intéressant de répondre “Non, Leos, ce n’est pas possible”, et nous avons essayé de travailler un peu à l’ancienne pour certaines scènes. »
« Avec une dolly et des rails… nous avons obtenu de magnifiques prises. C’est le genre d’originalité que je peux offrir à Leos, étant donné que je travaille depuis longtemps avec des réalisateurs comme Jean-Luc Godard ou Jacques Doillon, qui ont fait preuve de beaucoup d’ingéniosité concernant le mouvement des caméras sur des dollies. C’était ma façon d’apporter une touche plus classique au film. »
« Il est important que certaines séquences soient plus calmes, de sorte que le mouvement puisse cesser, puis reprendre. Avec une Steadicam, on ne peut pas l’arrêter. La caméra est toujours en mouvement et, quand elle s’arrête, elle crée une impression de flottement… Pour moi, s’appuyer sur des mouvements plus classiques reste primordial. »
Mode extension VENICE
L’un des points forts de la VENICE est son système d’extension CBK-3610XS, qui permet de séparer la tête de caméra du boîtier sur une distance pouvant atteindre 5,5 m à l’aide d’un câble. Champetier a trouvé ce système particulièrement utile pour filmer certaines scènes, telles que celle du spectacle, et pour un usage dans des espaces confinés comme une chambre d’enfant ou sur un bateau en pleine tempête.
« Pendant les spectacles d’Henry, j’avais la caméra principale, équipée d’un zoom, avec Inès sur un rail pour le suivre. Et Jo Vermaercke, notre opérateur de Steadicam, mais également opérateur caméra, était avec le [Système d’extension] au premier rang du théâtre, afin de filmer des plans plus serrés d’Henry. Il était au milieu de la foule uniquement pour ça. »
Au cours de la production, le CBK-3610XS n’a été utilisé que quatre ou cinq fois, mais « il était très important de savoir que c’était possible », explique Caroline Champetier.
La plus belle journée
Ce tournage ayant été extrêmement créatif, il n’est pas facile de choisir une seule scène préférée. Le premier jour a cependant été tout particulier pour les deux femmes.
« C’était une grande journée », se souvient Inès Tabarin, « il y avait Adam [Driver], l’enfant et beaucoup de figurants. Nous étions dans la salle de spectacle, où il y avait un concert, nous avons été en coulisses et dans l’arrière-scène… »
Quatre caméras, deux caméras VENICE et deux Alpha 7S III étaient en action. La scène d’ouverture a été filmée en 4K X-OCN ST, la résolution standard pour la majeure partie du film, bien que la 6K ait été utilisée pour certaines scènes à la piscine.
« Notre équipe s’est montrée très ingénieuse », explique Caroline Champetier, « mais ce n’était pas une grande équipe de tournage hollywoodienne. Elle était composée d’Inès, d’un assistant-opérateur, de stagiaires et de moi. Et la première performance d’Annette a été tournée lors de ce premier jour, lorsqu’elle apparaît dans l’obscurité, comme un petit point blanc dans le noir. »
« La fragilité de la marionnette incarne la fragilité du plateau et de l’équipe. Il y a quelque chose de vraiment émouvant, je comprends pourquoi Inès voit cette journée comme la plus belle de toutes. »