Rob Hardy (BSC, ASC) met la VENICE 2 à l'épreuve
C'est la première fois que j'utilise ce plus grand capteur, le 8.6K. Les résultats sont vraiment impressionnants.
Nous suivons les dernières prises d’un tournage de deux jours dans la demeure historique de Knebworth House, au Royaume-Uni.
Rob Hardy (ASC, BSC) dirige une production d’époque qui joue avec le temps et l’espace tout en repoussant une nouvelle caméra dans ses derniers retranchements. Connu pour son rôle de directeur de la photographie sur Mission : Impossible – Fallout, Ex Machina, Annihilation et Devs, Rob Hardy cumule aujourd’hui les casquettes de directeur de la photographie et de réalisateur. Il a passé chaque minute de ces deux jours à chercher des moments inattendus pour enrichir l’histoire qu’il raconte.
« Les meilleures surprises découlent de situations totalement imprévues », explique Hardy. « Sur le plan créatif, je préfère planifier le plus possible, tout en restant flexible sur le moment. J’adore quand quelque chose se présente à moi et peut m’aider à développer l’histoire. J’aime ces dons du ciel à tous les niveaux. Ce sont ces moments-là qui font que notre travail en vaut la peine. »
S’appuyant sur le succès de sa devancière, la VENICE 2 offre des performances nettement optimisées. Grâce à toute une série de modifications, allant du simple repositionnement des connecteurs Lemo 12 V et Ethernet à l’ajout de l’enregistrement interne 16 bits X-OCN ou 4K ProRes, les cinéastes peuvent travailler encore plus vite. La VENICE 2 offre également le choix entre le capteur 6K d’origine, avec ses nombreux modes, et le tout nouveau capteur 8K qui offre une latitude et un rendu des couleurs sensationnels permettant aux directeurs de la photographie de développer davantage leurs idées créatives.
Les progrès réalisés en matière de praticité sur le plateau et de qualité d’image découlent du feedback des directeurs de la photographie, des caméramans, des machinistes, des réalisateurs, des coloristes, etc. L’objectif est de proposer une caméra plus performante dans les domaines essentiels pour les équipes de tournage.
Latitude extraordinaire
Pour cette scène finale, éclairée à la bougie dans la galerie de Knebworth House, les performances époustouflantes du capteur de la caméra en condition de basse luminosité sont vraiment mises en valeur. Dans ce cas précis, ce sont les valeurs ISO « Dual Base » qui font la différence. Pour ceux qui utilisent le capteur 6K, les valeurs de base sont ISO 500 et ISO 2500, tandis que les cinéastes qui optent pour le capteur 8K (8.6K plus précisément) ont des valeurs de base ISO 800 et ISO 3200. Aujourd’hui, sur ce tournage, nous poussons le capteur 8K au maximum de ses possibilités.
« C’est la première fois que j’utilise ce plus grand capteur, le 8.6K », déclare Rob Hardy. « Nous avons également pu utiliser des anamorphoseurs pour l’effet cinématographique, qui exploitent vraiment le capteur. Les résultats sont vraiment impressionnants. »
Nous nous attendions à des images avec un bruit très faible. Avec une sensibilité ISO 3200, le capteur 8K possède une latitude de 16 stops et, même en sachant cela, nous avons été abasourdis par le résultat à l’image. Les anamorphoseurs Cooke sont très prisés pour une bonne raison : ils donnent des artefacts lumineux subtils qui subliment l’ambiance.
Plus tôt dans la journée, Hardy avait mis à l’épreuve la VENICE 2 en tournant dans une chambre baignée de lumière naturelle, explorant les contrastes extrêmes entre l’ombre et la lumière.
Le technicien en imagerie numérique Adam Shell a d’abord éprouvé une certaine appréhension : « J’ai toujours peur lorsque je vois ce genre de plans, car je sais que je vais devoir les étalonner. Après l’avoir un peu équilibrée et fait ressortir les noirs, cette scène a soudainement révélé sa beauté. C’est plutôt inhabituel. Je n’avais jamais vu un tel résultat avec une caméra et un codec, et cela m’a vraiment fait plaisir. C’était une belle surprise. »
Des images de haut vol
Un tout autre défi s’est présenté lorsque Flying Pictures a installé la VENICE 2 sur son drone. L’équipe devait tourner les plans de situation du film en profitant de la précieuse lumière du matin.
Heureusement, l’installation a été encore plus rapide que prévu. Comme la VENICE 2 est capable d’enregistrer en natif aux formats X-OCN 16 bits ou Apple ProRes 4K, l’équipe n’a pas eu besoin de s’encombrer de grosses caméras ou d’équilibrer un enregistreur externe. Et comme la caméra était plus légère et plus compacte, le pilotage du drone était également plus facile et plus sûr.
Sur les écrans installés à proximité, les images étaient particulièrement belles, grâce au traitement LUT amélioré de la caméra. Pour les directeurs de la photographie qui souhaitent voir sur le plateau de tournage des images aussi proches que possible de l’aspect final de leur projet, la VENICE 2 permet d’appliquer des LUT 4K à sa sortie moniteur.
Les images riches et les gradations de couleurs se démarquaient même en HD, mais le vrai test a commencé une fois que nous avons pu voir les séquences sur un moniteur Trimaster 4K HDR.
« Nous avons un ciel incroyablement lumineux, des détails dans les zones sombres… un feuillage abondant sur les arbres » explique Adam Shell, directeur de la photographie. « En principe, les codecs échouent à ce stade, car il y a tellement de détails de haute fréquence dans la scène, sans compter une très grande plage dynamique. Mais la caméra a très bien réagi. Elle a rendu superbement tous les détails et toutes les couleurs. »
Le capteur 8K avait montré son potentiel dès les premières séquences du projet. Si vous regardez le film aujourd’hui, vous pouvez voir un léger reflet dans le ciel du matin, puis apercevoir plus bas voir les détails des arbres ombragés dont les feuilles bruissent. Vous remarquerez que les couleurs du ciel, des arbres et des vieux murs de pierre de Knebworth House sont également très naturelles. C’est l’œuvre de la puissante combinaison du capteur de la VENICE 2 et du format d’enregistrement X-OCN de Sony.
Couleurs naturelles et détails éclatants
La possibilité d’enregistrer en natif dans la plus haute qualité est vraiment un atout majeur de la VENICE 2. Maintenant que l’enregistreur AXS-R7 n’est plus nécessaire, le montage de la caméra est plus simple et plus rapide, ce qui facilite la tâche aux opérateurs de Steadicam, aux machinistes et aux assistants caméra. Les directeurs de la photographie et les réalisateurs disposent ainsi d’un peu plus de temps pour obtenir le plan exact qu’ils recherchent.
Les capteurs 6K et 8K de la VENICE 2 offrent une gamme de couleurs plus large que les espaces colorimétriques DCI-P3 et BT.2020. Associés à l’encodage S-Log3 et à l’espace colorimétrique très large S-Gamut3, ils offrent un rendu final unifié vraiment stupéfiant. En bref, il est possible de reproduire les vraies couleurs de la scène devant l’objectif, ce qui correspond parfaitement à la façon de travailler de Rob Hardy.
Mon approche personnelle consiste à ne jamais réinventer quelque chose dans la gradation des couleurs. Je veux toujours essayer de me rapprocher le plus possible de ce que je veux obtenir sur le plateau. Et c'est exactement ce que cette caméra me permet de faire.
Rob Hardy, Cinematographer
Faciliter la vie des coloristes
L’enregistrement X-OCN est parfait pour la VENICE 2. Avec une gradation tonale de 16 bits linéaires, elle permet aux réalisateurs de conserver toute la gamme dynamique offerte par le capteur et de gérer les couleurs remarquables qu’il capture.
L’un des principaux avantages du format X-OCN est sa capacité à réduire considérablement la taille des fichiers, de sorte que la richesse des informations chromatiques et la gamme dynamique ne ralentissent pas les workflows sur le plateau et en post-production. De plus, avec le lecteur de carte mémoire AXS-AR3, les directeurs de la photographie peuvent transférer les séquences d’une carte AXS VENICE 2 à une vitesse pouvant atteindre 9,6 Gbit/s (1 200 Mo/s). Selon Adam Shell, le X-OCN est une aubaine pour les directeurs de la photographie et les coloristes.
« Je pense que la prise en charge du format X-OCN a été une très bonne décision de la part Sony », déclare Shell. « Il a permis d’éliminer une grande partie des problèmes liés aux prises de vue en RAW, en haute résolution ou avec une grande profondeur de bits grâce au codec très efficace… C’est un plaisir de l’utiliser. Vous avez accès à chaque élément de données capturé par la caméra. Et cela nous facilite grandement la vie, à nous les coloristes. »
Un outil compact et créatif
« Nous la mettons à l’épreuve sur un plateau, avec des acteurs et une scène à jouer, avec toutes les difficultés et les contraintes que cela peut engendrer », explique Hardy. « Nous avons donc ajouté des contraintes de temps, la nécessité d’agir rapidement par rapport à l’éclairage, etc. Je voulais vraiment voir comment la caméra réagirait dans ce contexte, puisque c’est en grande partie comme ça que je l’utiliserais. »
Avec une période de tournage limitée et une grande variété de configurations, les caractéristiques et les considérations plus pratiques de la VENICE 2 ont été mises à profit. La première et la plus importante d’entre elles : les filtres à densité neutre.
On pouvait entendre les personnes se trouvant près des moniteurs se réjouir de voir à quel point ces filtres à densité neutre étaient une véritable révolution. Le mécanisme de filtre à densité neutre servocommandé à huit niveaux, qui a fait ses débuts sur la VENICE originale, offre une plage de densité neutre étendue de 0,3 (1/2 = 1 stop) à 2,4 (1/256 = 8 stops). Les directeurs de la photographie peuvent vérifier rapidement l’image qu’ils voient et s’adapter en conséquence. Plus besoin de perdre du temps à démonter et à changer de caméra si le filtre à densité variable n’est pas bon du premier coup, ou si la lumière change pendant l’installation. Le premier assistant opérateur peut simplement prendre du recul et l’ajuster, à distance.
Flux créatif
À la fin du tournage, la dernière carte mémoire AXS est amenée dans la grange où Adam Shell sauvegarde et étalonne les séquences. Pendant qu’il transfère les dernières prises, il nous fait part de ses réflexions générales sur ce que la VENICE 2 pourrait apporter à la cinématographie :
« L’étalonnage des rushes est beaucoup plus rapide, car il y a moins de choses à faire. C’est une bonne chose, car cela permet de laisser transparaître l’intention du directeur de la photographie sans que quelqu’un d’autre y applique un filtre supplémentaire.
Je pense que les améliorations apportées au capteur et à l’ergonomie de la caméra aideront les directeurs de la photographie à imprimer leur vision de manière beaucoup plus précise. Ainsi, la vision du directeur de la photographie sera transposée fidèlement à l’écran, sans manipulations excessives, ce qui est normalement le cas. »
Cela m'aide vraiment à agir rapidement, à prendre des décisions et à savoir que je vais obtenir les détails dont j'ai besoin.
Rob Hardy, Cinematographer