Scene Deconstruction avec James Friend BSC, ASC

Novembre 19, 2024

James Friend BSC, ASC est l’un des plus grands directeurs de la photographie britanniques. Son travail sur À l’Ouest, rien de nouveau (2022) d’Edward Berger a été récompensé par un Oscar, un BAFTA et un BSC de la Meilleure photographie.

Il a récemment travaillé comme directeur de la photographie pour The Acolyte, une mini-série Lucasfilm / Disney+ de huit épisodes dans l’univers de Star Wars, et dont l’intrigue se déroule une centaine d’années avant Star Wars : Épisode 1 – La Menace Fantôme (1999). La série raconte l’histoire du Maître Jedi Sol alors qu’il enquête sur des crimes troublants. Ses investigations l’amènent à reprendre contact avec Osha, son ancienne élève et padawan.

The Acolyte a bénéficié d’un budget de production de plus de 230 millions de dollars et James a travaillé sur la moitié de la série, y compris l’épisode final, concrétisant ainsi l’un de ses rêves d’enfant.

« Quand je me réveillais le matin et que je me demandais sur quel projet j’allais travailler aujourd’hui, j’avais un léger pincement au cœur », explique James.

Détails clés

  • L’utilisation et le contrôle de lampes LED couleur à partir d’une console centrale de contrôle de l’éclairage permet d’ajuster et de modifier plus rapidement l’éclairage par rapport à des gels traditionnels.
  • Les dispositifs d’éclairage LED modernes peuvent être utilisés pour créer une illusion de mouvement lorsqu’ils sont contrôlés à partir d’un panneau capable de séquencer l’allumage des lampes.
  • L’éclairage d’un grand plateau de tournage à l’aide de grandes lumières douces placées de chaque côté permet d’équilibrer rapidement et facilement l’éclairage de l’arrière-plan et du premier plan, ce qui favorise une large gamme d’angles de prise de vue.
  • Filmer un combat au sabre laser peut être très amusant !
Poster de Star Wars : The Acolyte

Les extérieurs de nuit avec un anamorphoseur sont assez gourmands en lumière, mais la VENICE 2 de Sony permet d'utiliser le double ISO… nous partions donc avec de solides bases.

James Friend, BSC, ASC

Un vaisseau spatial en vol dans une scène de The Acolyte.
Image transparente

Scène de la course poursuite dans l'espace

Star Wars est notamment connu pour ses batailles spatiales épiques. Dans cette scène, Sol est à bord de son grand vaisseau Polan et poursuit un vaisseau plus petit, piloté par Mae, la sœur jumelle d’Osha. Pour tenter de semer Sol, cette dernière décide de traverser les anneaux rocheux d’une planète.

Ces scènes ont été filmées grâce à des fonds bleus et verts. Afin de créer cette impression de vol spatial à travers des anneaux, l’équipe a utilisé un dispositif d’éclairage LED pour produire des effets de lumière en mouvement et de travelling par le biais d’un séquençage de différentes sources lumineuses. Avant même la composition finale, cet éclairage dynamique toujours changeant a contribué à renforcer la sensation que le vaisseau se déplaçait réellement à travers les astéroïdes et les particules qui formaient les anneaux.

Scène de The Acolyte avec Mae Aniseya (Amandla Stenberg) dans un cockpit
Scène de The Acolyte avec Maître Sol (à gauche) et Mae Aniseya (à droite) dans des cockpits

Autrefois, James aurait utilisé des gels colorés pour modifier les couleurs des lumières destinées à éclairer le plateau, un processus chronophage qui nécessite de couper les gels pour les adapter à chaque lumière selon les besoins. Dans The Acolyte, toutes les lampes LED couleur étaient commandées à partir d’une console de contrôle de l’éclairage. Depuis cette console, James pouvait contrôler instantanément la couleur et l’intensité de chaque lumière.

« Nous pouvions décider d’avoir une couleur précise de bleu, d’orange, de jaune ou de vert, et je pense qu’avec un projet comme Star Wars, où l’on construit complètement l’univers, ce niveau de créativité est formidable », raconte James.

Un décor de l’un des films Star Wars a été adapté pour concevoir le vaisseau spatial de Mae. Petite et légère, cette structure a été fixée sur une machine spéciale capable de générer des secousses et de donner une impression de mouvement. Quant au cockpit du Polan, le vaisseau de Sol, il a été conçu pour la série. Beaucoup plus grand et volumineux, il était impossible de le placer sur une machine similaire ou un support pivotant, ce qui explique pourquoi ce décor ne bougeait pas vraiment. Afin d’ajouter quelques secousses et du mouvement à ces prises de vue, l’équipe a utilisé une tête de caméra à distance.

Scène avec Lee Jung-jae dans un cockpit pour The Acolyte de Lucasfilm.

Nous avons pu insérer quelques angles typiques d'une production Star Wars : une vue directe, à travers la fenêtre du cockpit, à l'intérieur du cockpit ou encore une vue depuis le siège de pilotage du cockpit.

James Friend, BSC, ASC

Image transparente

Scène du combat au sabre laser

Une grande partie de cette scène se déroule à l’intérieur d’un bâtiment abandonné, sombre et non éclairé. Il n’y a pas de source de lumière apparente pendant ce combat, à l’exception des lumières bleue et rouge des sabres laser.

« Concrètement, vous déclenchez ce qui va être votre lumière principale, à savoir un sabre laser rouge. Et à la seconde où vous l’allumez, vous ne pouvez pas vous empêcher de redevenir un enfant », affirme James. « Puis vous allumez le sabre laser bleu, et vous voyez les deux ensemble. À ce moment, on ne peut qu’admirer la qualité de leur lumière et la façon dont les ombres dansent dans la pièce. »

L'acteur Lee Jung-jae avec une VENICE 2 dans une scène de The Acolyte
L'étranger dans The Acolyte de Lucasfilm

Les lueurs des sabres laser étaient commandées depuis la console d’éclairage de James. Il pouvait ainsi modifier rapidement leur intensité pendant le tournage, afin de jouer avec le niveau d’éclairage sur les acteurs et le décor.

« Selon moi, les combats à l’épée sont toujours plus beaux quand le point de vue du spectateur se trouve un peu en retrait et que l’on peut voir chaque mouvement des armes et la gestuelle des artistes qui s’affrontent », explique James.

Scène de combat intense dans The Acolyte avec les sabres laser encerclés.

Pour reprendre les mots de James, la production a pu compter sur une deuxième équipe et des cascadeurs incroyables. Ces derniers chorégraphiaient puis peaufinaient les scènes de combat en amont, bien avant que James n’assiste à la chorégraphie et aux répétitions.

Des acteurs s'entraînant à un duel au sabre laser pour Star Wars : The Acolyte

L’un des problèmes avec les sabres laser vient du fait qu’ils sont dotés d’une poignée d’où part le faisceau d’énergie lumineuse quand ils sont allumés. La lame est produite à l’aide d’un long tube lumineux. Une planification minutieuse est nécessaire pour filmer un combat au sabre laser, car il n’est pas toujours possible d’utiliser un tel tube. C’est par exemple le cas lorsque le sabre laser est attaché à une ceinture et que son porteur le dégaine pour se battre, ou lorsque le sabre laser traverse un objet. Il faut donc prévoir de pouvoir peindre le tube ou de l’ajouter en post-production.

Afin d’éviter les problèmes de reflets d’optique avec les sabres laser, James a choisi des anamorphoseurs Zeiss Master en raison de leurs caractéristiques de reflets très prévisibles.

Lee Jung-jae sur le plateau de The Acolyte avec la lumière du sabre laser encerclée

L'environnement lumineux de Brendok

L’intrigue de The Acolyte se déroule principalement sur Brendok, une planète prétendument morte, autour de laquelle gravitent deux lunes. Et la plupart des scènes se déroulent la nuit.

« Nous nous sommes donc demandé à quoi pouvait bien ressembler la nuit sur une telle planète. De quelle couleur pouvait être la lumière de la lune ? » se souvient James.

Vue plongeante de Star Wars : The Acolyte.
(de gauche à droite, premier rang) : La mère Aniseya (Jodie Turner-Smith) et Koril (Margarita Levieva) dans The Acolyte de Lucasfilm.

Le choix s’est porté sur une planète avec une teinte bleue et James était très satisfait de cet aspect. Pour créer ce look, deux très grandes boîtes à lumière d’environ 16x24m ont été construites à partir de panneaux lumineux Creamsource Vortex. Les lumières Vortex ont été choisies en raison de leur indice de résistance à l’eau IP65, et chaque boîte à lumière était suspendue de part et d’autre du décor par une grande grue. Ces grues permettaient d’ajuster la position de l’éclairage, depuis le niveau du sol, jusqu’à une hauteur très élevée quand une plus grande diffusion était nécessaire. Grâce à ces lumières douces placées de chaque côté du plateau, les niveaux d’éclairage au premier plan et à l’arrière-plan pouvaient être adaptés à n’importe quelle angle de prise de vue.

Deux scènes montrant l'utilisation d'une boîte à lumière Vortex 20x20 personnalisée.

D’autres panneaux lumineux Vortex V8 avaient été positionnés tout autour du plateau. Ils étaient recouverts par des sacs (« snap bags ») pour obtenir une lumière plus douce et par des grilles (« snap grids ») pour contrôler la diffusion et éviter, notamment, que la lumière ne tombe directement sur les murs.

Creamsource Vortex8 autour du plateau dans une scène de The Acolyte.

Pour les plans rapprochés et intermédiaires, un cadre de diffusion de 8x8m avec un Eggcrate et des panneaux Vortex à l’arrière avait été installé. Il permettait d’ajuster les niveaux d’éclairage selon l’exposition recherchée.

Boîte à lumière Vortex 20x20 personnalisée dans une scène de The Acolyte.
Télécharger le contenu de test X-OCN 8K
Découvrez par vous-même la qualité du contenu 8K de la VENICE 2 avec ces fichiers test.